MONTPARNASSE 1ère partie DE L’ANCIENNE GARE AU MÉTRO VAVIN ; PLUTÔT "INTELLO", LA RÉVOLUTION...

Mardi 7 mai 2013 // ► MONTPARNASSE (3)


Notre parcours partira de la place du 18 juin 1940,
métro Montparnasse-Bienvenüe

Place du 18 juin 1940


La monstruosité commercialo-administrative devant laquelle nous nous trouvons a éradiqué toute trace de l’historique gare Montparnasse, celle où fut amené le général Von Choltitz, commandant du "Gross Paris", après qu’il se soit rendu le 24 août 1944 — et non pas le lendemain comme le veut la tradition — auprès du général Leclerc. La capitulation allemande proprement dite fut bien signée le 25, mais à la préfecture de police. Elle fut contresignée par Leclerc puis, sur l’insistance de Maurice Kriegel-Varlimont, responsable du Comité d’action militaire du Conseil national de la Résistance — et de Jacques Chaban-Delmas que ce dernier avait convaincu — par le colonel Henri Rol-Tanguy, chef communiste des FFI de la région parisienne ; ce que de Gaulle reprocha sèchement au commandant le la 2ème DB d’avoir accepté.
La confusion des dates et des lieux est renforcée par le fait que les édiles qui ont fait raser l’ancienne gare ont installé au dernier étage de la nouvelle un introuvable musée de la Libération de Paris que personne ne vient visiter vu que tout le monde ou presque ignore son existence si bien cachée.

Mais il est vrai que cette gare en avait elle-même remplacé une autre : l’embarcadère du Maine, construit en 1840 et situé à peu près à l’emplacement de la gare actuelle.
C’est sur la voie qui reliait alors Paris à Versailles, qu’eut lieu le 8 mai 1842 le premier accident ferroviaire en France, dans lequel mourut le navigateur Jules Dumont d’Urville.

La gare Montparnasse fut le théâtre de plusieurs cérémonies émouvantes d’accueil des Communards à leur retour du bagne de Nouvelle Calédonie.
Les premiers amnistiés rentrèrent le 6 avril 1880. Le dernier convoi, débarqué à Brest sur le Navarin, arriva ici le 7 janvier 1881. Il ramenait Alexis Trinquet, Maxime Lisbonne, Magnier, Éloy, Dominique Régère et son fils, Charles Lullier

Le 21 octobre 1895, un train fou défonça son heurtoir et alla s’écraser sur ce qui était alors la place de Rennes, après avoir traversé une baie vitrée de la façade. Il écrasa Mme Héguillard, la femme d’un marchand de journaux venue remplacer quelques instants son mari dont l’éventaire était installé là.
En 1914, le peintre Chaïm Soutine, qui travaillait auparavant chez Renault, fut embauché au déchargement des trains à la gare Montparnasse
Robert Francotte et un groupe de militants PCF du 14ème arrondissement, y sabotèrent en 1951 un convoi d’armement en partance pour le Viêt Nam.

La place où nous nous trouvons fut l’un des terminus de la première ligne de tramways à vapeur, ouverte en août 1874 entre les gares Montparnasse et d’Orléans.

Rue de l’Arrivée aller-retour


6 : Demeure du poète symboliste Germain Nouveau en 1886.

Bd du Montparnasse


59 : Ancien bouillon — des restaurants bon marché à l’origine — devenu le "bistro de la Gare Montparnasse", puis l’actuelle brasserie "Montparnasse 1900". Réalisé en 1906 pour la chaîne de Camille Chartier, son décor Art nouveau est remarquable.
60 : Demeure du sculpteur américain Alexander Calder.
25 : Maison aux cornues, ayant appartenu en 1722 à Philippe de Vendôme, prince de Condé, grand prieur de l’ordre de Malte, libertin et alchimiste à ses heures ; ce qui expliquerait le nom donné à sa demeure.
Elle abrita en 1893 l’atelier de Paul Ranson, considéré comme le "temple" des peintres Nabis. Ces derniers y tenaient effectivement les réunions de leur école.
8 : Demeure de Paul Gauguin cette même année 1893 après le séjour qu’il fit à Arles pour rejoindre Vincent Van Gogh.
1 : C’est ici, à la sortie du métro Duroc, puis à la terrasse du café François Coppée, qu’eut lieu le 2 août 1941 par l’intermédiaire d’André Leroy, le premier contact entre Albert Ouzoulias, alias Marc, responsable national des FTP, et Pierre Georges, alias Frédo ; le futur colonel Fabien.
Dans ce même café avaient lieu les réunions de la direction des Bataillons de la Jeunesse, auxquelles participaient Albert Ouzoulias, Eugène Hénaff, Arthur Dallidet et Danielle Casanova.

Rue de Vaugirard à droite puis à gauche aller-retour


111-132 : Emplacement de la "clôture des Carmes", poste d’octroi instauré en 1765, sous le règne de Louis XV. Il fut remplacé en 1785 par la barrière du Maine des Fermiers généraux, située un peu plus au Sud.
134 : Ancien bureau de poste de la rue de Vaugirard où Serge Lafourcade, membre de la section PTT du Front national, utilisait sa fonction de postier comme couverture pour son activité d’agent de liaison, de 1940 à 1944.

Avenue du Maine


1 bis : Hôtel Central, où séjourna Henry Miller en 1930.
21 : Le chemin de Montparnasse.
Ce magnifique îlot de verdure et de paix au milieu des buildings et des tumultes, nous permet de rêver à ce que fut le Mont Parnasse d’antan.
Il abrita la seconde académie russe de Marie Vassiliev, puis une cantine fréquentée par Alfred Rosmer et Léon Trotsky. Elle fut entre 1911 et 1917 l’arène de nombreux conflits politiques, mais aussi le lieu de rencontres d’artistes réputés, tels Modigliani ou Picasso, ou moins connus et dans un autre genre, comme Aïcha la mulâtresse.
Fernand Léger y tint le 3 mai 1913 une conférence sur "l’équilibre ligne, formes, couleurs".
On y organisa en janvier 1917 un banquet en l’honneur de Georges Braque, grièvement blessé au front pendant la guerre et trépané.
22 : Demeure du sculpteur Aimé-Jules Dalou, artiste engagé, capitaine au 83ème bataillon de la Garde nationale et curateur du Louvre pendant la Commune, qui dut s’exiler après l’écrasement de celle-ci.

Le club de Gentilly, un club révolutionnaire fondé en mars 1848, siégeait dans ce qui était alors la Chaussée du Maine, à une adresse qui nous reste malheureusement inconnue. Il était présidé par un certain Kœnig. Lerouge en était vice-président et Lasalcette le secrétaire.

Rue Antoine Bourdelle


16 : Atelier en 1884 d’Antoine Bourdelle, élève puis collaborateur d’Auguste Rodin, dans ce qui était alors l’impasse du Maine. Il est aujourd’hui transformé en un musée consacré au sculpteur.
18 : Second atelier loué par Aimé-Jules Dalou en 1881, après son retour d’exil. Il y habita à partir de 1888.
Ce fut également plus tard, en 1910 et 1911, la demeure de Marc Chagall qui avait alors son atelier à La Ruche.

Rue Armand Moisant

Bd de Vaugirard à gauche


15 : Station de métro Montparnasse Bienvenüe où eut lieu, le 20 janvier 1942, un attentat contre un agent de la Poste militaire allemande, effectué par Jean Garreau, Raymond Tardif et André Aubouet.
16-18 : Georges Marrane, futur secrétaire de la Fédération de la Seine du PCF, est placé ici par l’armée comme ajusteur chez Michel, une usine de compteurs à gaz, le 11 décembre 1914.

Place Raoul Dautry

Av du Maine à droite aller-retour


33 : Emplacement approximatif de l’embarcadère du Maine, la première gare Montparnasse dont nous avons parlé plus haut. Sa construction, en 1840, dut affronter l’opposition d’Émile Pereire, adjudicataire de la même ligne sur la rive droite de la Seine.
35-36 : C’est ici que se trouvait la Barrière du Maine du mur des Fermiers généraux, entre 1785 et 1860.
44 : Emplacement de la demeure et de l’atelier du peintre naïf, surréaliste avant l’heure, Henri Rousseau, dit le Douanier Rousseau, de 1893 à 1901. Il faut aujourd’hui un gros effort d’imagination pour se représenter les lieux tels qu’ils étaient alors… Un peu comme d’imaginer Manhattan au temps des Algonquins…
52 : Idem pour la demeure du peintre Diego Rivera. Il vivait là avec Angelina Beloff en 1911, à son de retour de Mexico où il s’était rendu pour le centenaire de l’indépendance de son pays d’origine.
54 : Première académie russe de Marie Vassiliev, de 1908 à 1911.
Emmeline Pankhurst, fondatrice de "l’|Union féminine sociale et politique->http://fr.wikipedia.org/wiki/Suffragette]", qui luttait pour le suffrage des femmes, s’installa ici en 1913.

Rue du Départ


26 : En septembre 1917, Diego Rivera, en rupture du contrat qui le liait à Rosenberg, vient habiter là et crée le groupe des "Constructeurs". Paul Cézanne est alors son modèle.
À la même époque, Maurice de Vlaminck y installe son atelier.
Et un peu plus tard, en 1919, il est rejoint par un autre peintre hollandais, Pieter Cornelis Mondriaan, dit Piet Mondrian, qui héberge à son tour Conrad Kickert, peintre lui-même et critique d’art.
33-35 : Emplacement de la guinguette de la Grande Californie, tenue par le père Cadet qui deviendra maire du 14ème arrondissement. Cet établissement célèbre de la barrière du Maine pouvait servir jusqu’à 5000 repas. Il y aurait une plaque commémorative dans le garage souterrain.

Bd Edgar Quinet


39 : Demeure d’André et Clara Malraux à leur retour d’Indochine en 1924. Le futur ministre de la Culture avait alors quelques difficultés judiciaires à propos d’un vol d’œuvres d’art à Angkor. Ne dit-on pas que nos richesses ne sont jamais si bien gardées que par un voleur ?...
31 : Maison de tolérance le Sphinx ; bordel de luxe dont parle Henry Miller dans son "Tropique du Cancer". Outre ce dernier, il était fréquenté par Louis Aragon, Albert Londres, André Salmon, Alexandre Breffort, Georges Simenon… L’histoire ne dit pas s’ils ne consommaient que du whisky au bar du rez-de-chaussée.
29 : Demeure de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir à partir de 1969, au 10ème étage, entrée A2. Sartre meurt à l’hôpital Broussais le 15 avril 1980.
60 : Cabaret "Le Cri-Cri" où fut proclamée en 1923 par Paul Fort, prince des poètes, et Han Ryner, prince des conteurs, la "principauté de Montparnasse". Elle devint une "république" en 1926.
En 1929, au nouvel an, le Cri-Cri se transforma en boîte de Nuit nommée "le Maldoror". L’usurpation de cette appellation par un tel établissement provoqua l’ire des surréalistes qui organisèrent le 14 février 1930 un commando de représailles composé de René Char, André Breton, Marcel Noll, André Thirion, Louis Aragon, Paul Éluard, Elsa Triolet, Georges Sadoul, Yves Tanguy
58 : En 1975, le Café d’Edgar relance la tradition du Café-Théâtre, avec une équipe de jeunes actrices et acteurs qui feront leur chemin, nommés Coluche, Dominique Lavanant, Charlotte de Turckeim, Sylvie Joly, Popeck… excusez du peu !
54-56 : Emplacement de la Barrière du Mont Parnasse du mur des Fermiers généraux, de 1786 à 1860.
9 : Demeure du peintre Chaïm Soutine en 1927.

Rue d’Odessa aller-retour


28 : Hôtel d’Odessa, où séjourna Léon Trotsky à son arrivée à Paris en novembre 1914. Il était alors rédacteur au journal "Golos", en contact avec Martov. Il se lia rapidement à l’opposition française à la guerre.
5 : Les bains Odessa, à la façade remarquable réalisée en 1895 par l’architecte Pasquier et le céramiste Gilardony, est l’un des derniers bains publics en activité à Paris.

Rue Delambre


39 : Hôtel Namur, où descendit le peintre Joan Miró lors de son second séjour à Paris, en mars 1920. Il allait se fixer dans la capitale et prendre contact avec le mouvement Dada.
37 : Principale boîte aux lettres du réseau Turma-Vengeance, chargé en 1941 de la transmission de renseignements à Londres. Il était animé par Victor Vic-Dupont, François Wetterwald et le capitaine Masson.
35 : Hôtel des Écoles, aujourd’hui hôtel Delambre, où séjourna Paul Gauguin en novembre 1890.
André Breton, qui venait d’abandonner ses études de médecine, y séjourna à son tour à partir d’octobre 1920.
33 : L’hôtel des Bains reçoit Simone de Beauvoir au printemps 1937.
22 : Une cour typique du 14ème arrondissement.
20 : Imprimerie de Georges Tournon, où se tinrent pendant l’Occupation, de mai 1943 à 1944, les réunions du groupe Panta, reconstitution d’un groupe du réseau Jade-Fitzroy des renseignements britanniques, constitué autour de Georges Tournon, Maurice Delaire, Gilbert Gil et Jean Roger, dit Sainteny, du réseau Alliance.
15 : Grand Hôtel des Écoles, aujourd’hui hôtel Lenox, où descendit en 1921 le poète Tristan Tzara, initiateur du mouvement Dada.
Henry Miller y séjourna avec sa femme June de 1928 à 1930.
Le photographe Man Ray y occupa la chambre 32. Il avait son atelier au 13.
13 : Hôtel Villa Modigliani, où Man Ray avait installé son atelier dans le parking.
11 bis : Bar le "Rosebud", fréquenté par Jean-Paul Sartre à la fin des années 30.
10 : Dingo Bar, aujourd’hui auberge de Venise, QG des auteurs américains de la "lost generation", dont Ernest Hemingway, Francis Scott Fitzgerald, Sinclair Lewis, Sherwood Anderson, John Dos Passos, Ezra Pound, Henry Miller, Thornton Wilder. C’est ici qu’Hemingway fit la connaissance de Fitzgerald en avril 1925.
5 : Demeure du peintre japonais Tsuguharu Fujita, dit Léonard Foujita, de 1917 à 1926.
En 1937, à son retour du Havre, Jean-Paul Sartre alors prof au lycée Pasteur à Neuilly, loua une chambre d’hôtel rue Delambre. Était-ce dans le même que celui de Simone de Beauvoir, au 33 ? Nous n’avons pu le vérifier.

Bd Raspail à droite

Rue Huyghens


6 : Demeure du peintre suisse Émile Lejeune, qui créa avec Blaise Cendrars l’association "Lyre et palette". Elle comptait parmi ses membres Pablo Picasso, Manuel Ortiz de Zárate, Amedeo Modigliani, Moïse Kisling.
L’atelier de Lejeune accueillait conférences et spectacles. C’est ici qu’eurent lieu en 1918 les premiers concerts du Groupe des Six, influencé par Jean Cocteau et Érik Satie, et composé d’Arthur Honneger, Georges Auric, Darius Milhaud, Francis Poulenc, Germaine Tailleferre et Louis Durey.
10 : Le gymnase Huyghens pouvait recevoir jusqu’à 4000 personnes. Il s’y organisait des meetings, dont celui de l’Union des Coopératives contre la vie chère le 18 janvier 1919.
Il y eut tant de monde au rassemblement de soutien au communiste allemand Ernst Thaelmann, accusé par le régime nazi d’avoir organisé l’incendie du Reichstag, prévu par la Fédération de la Seine du PS au bal Bullier le 2 juillet 1934, qu’on dut utiliser le gymnase Huygens pour le dédoubler. Ce meeting unitaire contre le fascisme peut être considéré comme une des prémices du Front populaire.
Lors d’une conférence nationale du PCF qui se tint ici le 11 juillet 1936, André Ferrat, dirigeant occulte du groupe oppositionnel "Que faire ?", fut exclu du parti.
À l’occasion d’une fête organisée pour les 50 ans de Maurice Thorez le 28 avril 1950, Louis Aragon lit son fameux poème "Il revient", apothéose du culte de la personnalité autour du dirigeant du PC.

De violents combats eurent lieu pendant la Semaine sanglante dans le secteur du marché aux chevaux et aux fourrages qui se tenait sur cet emplacement, à l’angle de la rue Delambre et du boulevard Raspail.

Bd Edgar Quinet à gauche


26-28 : Demeure du peintre Chaïm Soutine en 1926.
20 : Emplacement d’un marché aux chevaux entre 1829 et 1870. Il jouxtait le marché aux fourrages que nous avons mentionné plus haut.
16 : Demeure de Georges Besse, PdG de la régie Renault exécuté par Action Directe devant son domicile le 17 novembre 1986. En 1958, il avait été chargé par de Gaulle de doter la France de l’arme atomique et d’une industrie nucléaire.

3 : Entrée principale du cimetière Montparnasse. S’y trouvent entre autres :
Un monument à la mémoire des Quatre sergents de La Rochelle — Jean-François Bories, Charles Goubin, Jean Pommier et Charles Raoulx — exécutés en place de Grève le 21 septembre 1822 pour conspiration contre le régime de la Restauration. Ils appartenaient à la Charbonnerie, une société secrète, résurgence du mouvement républicain.
Un monument à la mémoire des Fédérés massacrés après les combats violents qui se déroulèrent ici-même pendant la Semaine sanglante le 23 mai 1871. Il y eut des exécutions sommaires dans ce cimetière jusqu’au 19 juin.
La tombe du biologiste Jean-Baptiste de Lamarck, inhumé dans la 1ère division le 18 décembre 1829.
Celle du général Pierre-Augustin Hulin, qui avait pris la tête des assaillants de la Bastille le 14 juillet 1789. Devenu commandant militaire de la place de Paris sous l’Empire, il avait été blessé par Malet lors de la tentative de putsch de ce dernier en 1811. Ses obsèques eurent lieu le 9 janvier 1841.
La tombe de Pierre-Joseph Proudhon, l’auteur de la fameuse formule "La propriété, c’est le vol", considéré comme un des pères de l’anarchisme, mort en 1865.
Le cénotaphe de Charles Baudelaire, inauguré le 26 octobre 1902 ; mais aussi sa sépulture dans la tombe de sa mère et du général Aupick où il fut inhumé le 31 août 1867.
La tombe de Pierre Leroux, dans la 9ème division. Il fut le premier en France à utiliser le mot "socialisme", en mars 1834. Il mourut le 12 avril 1871, ayant vu naître la Commune.
La tombe de Pierre Lavroff, dans la 27ème division. Ami intime d’Eugène Varlin devenu membre de l’Association Internationale des Travailleurs, il organisa des meetings de soutien à la Commune. Il mourut le 1er mai 1871.
La tombe de Théodore de Banville, le chef de file des poètes Parnassiens, dans la 13ème division. Inhumé le 13 mars 1891.
La tombe d’Étienne Arago, dans la 10ème division, dramaturge et homme politique, frère de François Arago, décédé le 7 mars 1892.
La tombe d’Aimé-Jules Dalou, dans la 4ème division, dont le "Triomphe de la République", la statue qui se trouve aujourd’hui place de la Nation, ne fut pas retenu pour orner celle de la République, pour cause de participation de son auteur à la Commune de 1871. Dalou dut d’ailleurs s’exiler pendant une dizaine d’années après celle-ci pour ne pas subir le même sort que Gustave Courbet. Il mourut le 15 avril 1902.
La tombe de Maxime Vuillaume, dans la 7ème division, mort en 1920. Il avait relancé le Père Duchêne pendant la Commune. Arrêté à ce titre, il parvint à s’évader. Il est l’auteur de "Mes cahiers rouges", un document de première main sur les exactions des troupes versaillaises pendant la Semaine sanglante.
Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir sont enterrés ensemble à droite de l’entrée principale, dans la 20ème division.

Entre 1824 et 1882, une bande de terrain était réservée à l’inhumation des condamnés à mort : la "tranchée des suppliciés". Les détenus l’appelaient le "champ de navets".

Le 28 mai 1831 eurent lieu dans ce cimetière les obsèques d’Henri Grégoire, dit l’abbé Grégoire, conventionnel puis sénateur, l’un des fondateurs du "club des Amis des Noirs" dès avant la Révolution ; un des artisans de l’abolition de l’esclavage par la Convention. Esclavage qu’un certain Napoleone Buonaparte s’empressa de rétablir en 1804.
Au moment de la mort de Grégoire, l’archevêque de Paris lui interdit de recevoir les sacrements devant son refus de renier le serment qu’il avait juré à la Constitution civile du clergé. Devinez lequel des deux rôtit aujourd’hui en Enfer !…
Le 12 décembre 1989, ses cendres ont été transférées au Panthéon. Sa tombe a depuis été supprimée. Et si on faisait subir le même sort à celle du dictateur qui gît sous le dôme des Invalides !?...

On peut aussi admirer, dans la 22ème division, le beau gisant représentant Charles Pigeon et sa femme sur leur pierre tombale décorée de la fameuse lampe de son invention.
Ainsi que le tombeau d’Albert Adès, dessiné par Hector Guimard ; une des dernières œuvres de l’architecte, réalisée en 1922.
On peut enfin y voir les vestiges bien conservés du "Moulin Moliniste", construit au 17ème siècle. Devenu par la suite tour de la Charité, il appartenait aux Frères du même nom. Il fut finalement transformé en cabaret fréquenté principalement par des étudiants.

1 : Emplacement de la Barrière de Montrouge, poste d’octroi ouvert en 1854 pour laisser passer les "convois exceptionnels" — elle faisait 6 m de large — sans doute liés aux travaux haussmanniens. Elle ne fonctionna que 6 ans, jusqu’en 1860.

On trouvait aussi, sur le boulevard Edgar Quinet, le bal de "la Belle Moissonneuse", une Guinguette célèbre de la barrière de Montparnasse que nous n’avons pas réussi à situer précisément.

Bd Raspail à gauche


234 : Café des Arts, lieu de rencontre de Jean-Paul Sartre et de Benny Lévy, dit Pierre Victor, dirigeant de la Gauche Prolétarienne. C’est ici que Sartre décida d’intervenir chez Renault le 14 février 1972. Il doit être aujourd’hui au Paradis, vu que l’Enfer, pour lui, c’était "les autres". Benny Lévy a poussé jusqu’au bout son délire, version mystico-sioniste. Pierrot Overney, lui, est mort d’avoir cru à leurs élucubrations…
C’est dans l’escalier de la station de métro Raspail que les militantes d’Action Directe, Nathalie Ménigon et Joëlle Aubron, laissèrent le tract de revendication après l’attentat contre Georges Besse le 18 novembre 1986.
232 : Brasserie le Raspail Vert, où Sartre et Beauvoir avaient l’habitude de déjeuner à partir de 1964.
229 : Réunions, chez la baronne Hélène Oettingen, du comité de rédaction des "Soirées de Paris", revue fondée en février 1912 par Serge Férat et Guillaume Apollinaire qui en était le directeur littéraire. La publication sera rachetée par des immigrés russes.
228-230 : Demeure et bureaux de l’éditeur Pierre Seghers, qui publia clandestinement pendant l’Occupation la revue "Poésie".
225 : Hôtel de la Paix, où séjourna Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline, lorsqu’il travaillait pour la Société des Nations, fin 1926.
222 : Demeure de Jean-Paul Sartre et de Simone de Beauvoir à partir du 10 décembre 1964. C’est l’époque où le philosophe refuse le Prix Nobel.
216 : Emplacement de la demeure et de l’atelier du peintre Amedeo Modigliani en 1910, puis de 1913 à 1915.
Ce fut également, en 1941, l’atelier du peintre et Résistant Jean Fautrier, arrêté en janvier 1943. Il s’y tint des réunions qui regroupaient Jean Paulhan, Paul Éluard, René Char, Francis Ponge
207 : Hôtel Carlton, demeure de Pierre Benoit, auteur de nombreux romans d’aventure et futur académicien, chez sa compagne Fernande Lefferrer, au 5ème étage sur cour, de 1918 à 1923.
C’est dans ce même Hôtel, aujourd’hui hôtel Mercure, que séjournait Lev Davidovitch Bronstein, alias Léon Trotsky, sous le nom de Léon Sedoff, quand il venait incognito à Paris alors qu’il était en exil à Barbizon, de 1933 à 1935.

Fin de la première partie de notre parcours dans le quartier de Montparnasse.

Outre la base de données "Paris révolutionnaire",
principales sources :


Paris Ouvrier Des Sublimes aux Camarades & Paris des avant-gardes, Alain RUSTENHOLZ, Parigramme 2003-04 [http://www.alain-rustenholz.net/]
Balades littéraires dans Paris (1900-1945), Jean-Christophe SARROT, Terres d’écrivains - Nouveau monde, 2005 [http://www.terresdecrivains.com/]
Les lieux de la Résistance à Paris, Anne THORAVAL, Parigramme, 2007