PLUS D’APRÈS, ON VERRA, MAIS UN SACRÉ PASSÉ... À ST GERMAIN DES PRÉS. 2ème PARTIE

Mardi 11 février 2020, par admin // ► ST GERMAIN DES PRÉS

Vous trouverez ci-contre, en fichier Word, le texte imprimable de cette balade, comportant un plan.

Pour cette seconde partie de notre parcours, nous repartirons de la place St Germain des Prés.

L’église St Germain des Prés aujourd’hui ►
L’abbaye en 1687

Boulevard St Germain à droite (vers l’ouest)

172 : Le café de Flore. Le second des cafés mythiques de St Germain des Prés.
À partir de juillet 1899 se tiennent ici les Réunions de la direction de l’Action française qui vient d’être créée, qui rassemblent Charles Maurras, Jacques Bainville, Maurice Barrès, Kléber Haedens, Thierry Maulnier...
Guillaume Apollinaire et André Salmon fondent dans ce café la revue littéraire "Les Soirées de Paris". En 1912, les amis de Guillaume Apollinaire, alors en difficultés financières, organisent ici pour son soutien les Soirées de Paris, rencontres littéraires.
Le Flore devient ensuite le quartier général de la revue "Nord-Sud". C’est Pierre Reverdy qui présente Philippe Soupault à Breton le 15 mars 1917. Guillaume Apollinaire discute littérature les mardis avec des permissionnaires ; nous sommes en plein conflit mondial…
En 1933 Raymond Queneau, lauréat du prix des Deux Magots, fréquente le café concurrent avec la bande à Prévert. Ce dernier a fait du Flore son quartier général et celui du Groupe Octobre. Il y fait connaissance avec Pablo Picasso.
En juillet 1943, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Raymond Queneau, Maurice Merleau-Ponty, Albert Camus… discutent d’un projet de revue pour l’après-guerre. Beauvoir et Camus se sont rencontrés ici cette même année après la répétition générale des "Mouches" de Sartre.
En avril 1945 se tiennent des réunions autour du journal "La Rue", recréé par Léo Sauvage, avec Francis Lemarque, Óscar Domínguez, Jacques Prévert, Raymond Queneau, Boris Vian
Rencontres "exixtentialistes" autour de Jean-Paul Sartre, Paul Bourget, Jean Genet, Jean Cau... en 1945.

Le café de Flore ►

Guillaume APOLLINAIRE ►

Pierre REVERDY ►

Raymond QUENEAU ►

149 : Emplacement de la demeure de Denis Diderot, au 2 rue Taranne disparue, aux 4ème et 5ème étages, avec sa femme et sa fille de 1754 à 1784. Disparue lors du percement du boulevard. Il s’attaque alors à la rédaction de l’Encyclopédie.
Emplacement du Drugstore St Germain. Le 15 septembre 1974, un attentat à la grenade imputé à Ilich Ramírez Sánchez, alias Carlos, y fait 2 morts et 34 blessés.

Denis DIDEROT par Marie-Anne Collot ►
et par Jean-Baptiste Pigalle

Le drugstore St Germain ►
Le percement du boulevard à partir de 1867, dans le Monde illustré

151 : Brasserie Lipp.
Brasserie alsacienne, créée par Léonard Lipp en 1880, que fréquenteront de nombreux écrivains, tels Alfred Jarry, Paul Valéry, Antoine de Saint-Exupéry et Ernest Hemingway qui la décrit dans son "Paris est une fête"...
S’y réunira le groupe des "Hirsutes", autrement dit les poètes "échevelés", auquel participeront Jean Moréas et Guillaume Apollinaire.
Léon-Paul Fargue en est un habitué. La décoration intérieure de l’établissement sera réalisée par Fargue père et oncle en 1914.
Henry de Montherlant fait un bref séjour à l’hôtel Taranne, situé au dessus de la brasserie, en février 1942.
Le 29 octobre 1965, Mehdi Ben Barka est enlevé devant la brasserie Lipp dans des conditions qui mettent en cause des policiers de la DST française, Louis Souchon et Roger Voitot. Le scandale est d’autant plus énorme qu’on ne retrouvera jamais le corps même du principal opposant marocain.

La brasserie Lipp ►
et son fameux baromètre

Léon-Paul FARGUE ►

Henry de MONTHERLANT ►

Mehdi BEN BARKA ►

167 : Demeure de François Faure, alias Paco, second du colonel Rémy à la tête du réseau "Confrérie Notre-Dame". Il sera arrêté et déporté.

Demeure de François FAURE ►
Plaque

169 : Bureaux des éditions du Carrefour, dirigées par Georges Ribemont-Dessaignes. En décembre 1930, il publie le premier poème de Prévert, "l’Ange garde-chiourme", dans le n° 7 de la revue "Bifur".

171-173 : À l’époque 12 rue Taranne se trouvait ici une salle où se réunissaient les saint-simoniens. Saint-Amand Bazard, dit le père Bazard, et Prosper Enfantin y organisèrent en 1828 et 1829, au cours de 30 séances publiques, l’exposition de la "Doctrine de Saint-Simon" — en réalité très déformée — par ses disciples. Ces derniers étaient au départ au nombre de 92, dont 5 ouvrières et 12 ouvriers.
Charles Fourier y prit pour la première fois contact avec eux ; il assistait à une conférence sur l’éducation le 20 mai 1829.

184 : Salle de la Société de Géographie. Lénine y donne le 23 janvier 1914 une conférence sur la "Question nationale".

Vladimir Ilitch OULIANOV dit LÉNINE ►

186 : Sur l’emplacement du square Taras Chevtchenko se trouvait, entre 1598 et 1604, le cimetière St Germain réservé aux protestants.

Vestiges du cimetière St Germain, réservé aux protestants

186 bis : On peut voir dans le square Félix Desruelles un fronton remarquable de céramique en grès émaillé, conçu par l’architecte Charles Risler et réalisé par le sculpteur Jules-Félix Coutan ; en fait un panneau publicitaire pour les produits de la manufacture de Sèvres, réalisé à l’occasion de l’Exposition universelle de 1900.

175 : Emplacement du Cimetière des lépreux, jouxtant au moyen âge la maladrerie Saint Germain.
Il y avait ici en 1906 une antenne de l’Office central des œuvres de bienfaisance, pour lequel Jacques Prévert suivait son père, André Prévert, dans ses tournées de répartition des aumônes aux pauvres.

188 : Emplacement, de 1368 à 1630, du Moulin de St Germain ; moulin à vent qui deviendra "moulin des Saints-Pères" puis "des Rosiers".

Rue des Saints-Pères, à droite aller-retour puis à gauche

44 : Naissance du célèbre mémorialiste Louis de Rouvroy de Saint-Simon, lointain cousin du théoricien du socialisme, le 16 janvier 1675.
Demeure du maréchal d’Empire Charles Pierre François Augereau en 1810.

Louis ROUVROY de SAINT-SIMON ►

49-51 : La chapelle St Pierre de l’hôpital de la Charité a donné par déformation son nom à la rue : Saint-Pierre devenant Saints-Pères.
C’est aujourd’hui la cathédrale St Vladimir le Grand, de culte grec-catholique ukrainien.
Désaffectée pendant la révolution, Jean-Nicolas Corvisart y installa une école de Médecine pourvue d’un amphithéâtre, où enseignèrent René Laennec, inventeur du stéthoscope, et Pierre Carl Édouard Potain, précurseur dans la mesure de la tension artérielle.
Louis Pasteur y présenta sa communication sur la découverte du vaccin antirabique en 1885.

Jean-Nicolas CORVISART

Faire demi-tour pour prendre Rue des Saints-Pères vers le Sud

48 : Boutique à l’enseigne du Cercle Royal, fondée par Antoine Benoîst, ancêtre du musée Grévin. Elle présentait en 1688 des figures de cire, dont celle de Dieudonné Capet, dit Louis XIV, le "roi mégalo-soleil".

53 : Demeure de la comédienne Louise Contat, chez qui François-Joseph Talma rencontra en juillet 1780 sa future épouse Julie Careau ; union dont il naquit Henri-Castor et Charles-Pollux Talma. Les prénoms durs à porter, ça ne date pas d’aujourd’hui...

Louise CONTAT, portrait attribué à Greuze ►
Sur scène

52 : Demeure de Louis d’Oger de Cavoye, un des demi-frères supposés de Louis XIV et frère d’Eustache Dauger de Cavoye, possible candidat au masque qui ne fut jamais de fer.

54 : Demeure de Salomon de Brosse, architecte du palais du Luxembourg.

61 : Siège de la maison d’édition Bernard Grasset, fondée en 1907, qui éditait la collection des "Cahiers verts".
Une position ambiguë de Bernard Grasset pendant l’Occupation le fera condamner à la Libération pour collaboration.

56 : Hôtel de Meilleraie.
Demeure de l’éditeur Firmin Didot, créateur d’un groupe de polices de caractères qui restera dominant jusqu’à l’apparition de l’ordinateur.
L’École Nationale d’Administration, l’ENA, fondée en 1945, s’y installe et y restera jusqu’en 1978.

63 : Hôtel de Lavalette, pied-à-terre de François-René de Chateaubriand en 1808.

François-René de CHATEAUBRIAND par Girodet ►

71 : Demeure du poète symboliste Rémy de Gourmont avec Berthe de Courrière, dans des conditions précaires, de 1898 à 1915.

Rémy de GOURMONT ►

Germain Nouveau habita la rue des Saints-Pères en 1905.

Rue de Grenelle à gauche

7-9 : Emplacement de la Mairie de l’ex 10ème arrondissement, détruite lors du prolongement de la rue des Saints-Pères. La déchéance de Louis-Napoléon Bonaparte, alors président de la République, y est votée par 200 députés de droite lors du coup d’état du 2 décembre 1851.

Mairie de l’ex 12ème arrondissement ►
Arrestation des députés qui ont voté la déchéance du président Badinguet

3 : Troisième siège de la maison d’édition Gallimard, de 1921 à 1930. Elle publie Albert Camus, Robert Desnos, Paul Éluard, Max Jacob, Jules Supervielle, Roger Martin du Gard

1 : Café du Dragon, fréquenté par les auteurs des maisons d’édition voisines, "Grassetiers" et "Gallimardeux", dans les années 1920.

Carrefour de la Croix Rouge

Ce fut un lieu patibulaire sous la Régence de Philippe II d’Orléans, en 1721 et 1722 ; avec potence et pilori.
Il prit bien-sûr le nom de carrefour du "Bonnet Rouge" en 1792.
Pendant la Semaine sanglante, le 23 mai 1871, la résistance y fut acharnée à l’avancée des versaillais. Ce carrefour était le centre d’un dispositif de barricades rendu efficace par les petites rues et ruelles qui constituaient alors le quartier. On y vit combattre Eugène Varlin, le général Émile Eudes, Maxime Lisbonne, commandant des Turcos de la Commune, Henry Bauër, fils d’Alexandre Dumas… Les impressionnantes destructions dues à la canonnade versaillaise donnent une idée de la violence des combats qui s’y déroulèrent. Les Fédérés finirent par être pris à revers le 24.
Marcel Bourdarias, alias Alain, dirigeant des Jeunesses communistes et de l’Organisation spéciale du PCF, est arrêté le 5 janvier 1942 à la station de métro "Croix Rouge" après que Louis Coquillet ait donné leur rendez-vous sous la torture. Il sera fusillé par les nazis au Mont Valérien le 17 avril 1942, à 18 ans.

Le carrefour de la Croix Rouge ►
après les combats de la Semaine sanglante

Eugène VARLIN, membre de la Commune ►
Son assassinat par les versaillais

Émile EUDES, général de la Commune ►
Sa tombe au cimetière du Père Lachaise

Maxime LISBONNE, commandant des Turcos de la Commune ►

Henry BAUËR, fils d’Alexandre Dumas et Communard ►

Marcel BOURDARIAS ►

Rue du Dragon aller-retour

44 : Demeure, de 1809 à 1815, d’Étienne-Jean Panis, conventionnel qui mena, avec son beau-frère Antoine-Joseph Santerre, l’assaut des Tuileries le 20 juin 1792.

31 : Dans la cour se tenait l’Académie Julian, académie de peinture fondée par Rodolphe Julian, où étudièrent à partir de 1890 Jean Dubuffet, Marcel Duchamp, Félix Vallotton, Édouard Vuillard, Henri Matisse

L’académie Julian ►

36 : Autre demeure du poète et dessinateur Germain Nouveau début 1876.
Hôtel du Dragon où séjourna en 1930 Jean Giono, l’auteur entre autres du "Chant du Monde".

Jean GIONO ►

30 : Demeure de François-Guillaume-Jean-Stanislas Andrieux, poète, membre du Conseil des Cinq-Cents, puis du Tribunat en 1802.
Mansarde où demeura Victor Hugo à 19 ans, en 1821, après la mort de sa mère, avec son cousin Adolphe Trébuchet. Il y écrivit ses "Odes et Ballades".

28 : Planque d’Armand Vanveers, membre de l’Organisation spéciale des Jeunesses communistes, qui a rejoint Paris après son évasion de Suisse. Il seconde Pierre Tourette à la tête d’un groupe de lutte armée des Jeunesses communistes en janvier 1941.

19 : Demeure de Jacques Copeau, fondateur du Théâtre du Vieux Colombier.

Jacques COPEAU ►

24 : Emplacement d’une maison qu’aurait habité Bernard Palissy en 1585.

13 : Siège du club de l’Abbaye, que présidait un certain Vergne. Club constitué en mars pendant la Révolution de 1848.

14 : Galerie d’Yvonne et de Christian Zervos, directeur de la revue "Les Cahiers d’Art", fondée en 1926. Il s’y tient pendant l’Occupation des réunions clandestines d’intellectuels auxquelles participent Jacques Prévert et Paul Éluard, ce dernier étant alors membre du PCF et clandestin.

7 : Cour du Dragon, domaine des métalliers depuis 1725. Denis Diderot, qui habite non loin rue Taranne, recueille des informations auprès des "métalliers-poêliers-fournalistes" pour l’Encyclopédie.
Les Insurgés de 1830 s’y fournissent chez les marchands de ferrailles en armements divers, barres de fer et piques, le 27 juillet.
Demeure de Raymond Bussières, dit Bubu, et Arlette Besset. Ils sont alors tous deux membres du Groupe Octobre.

Raymond BUSSIÈRE ►

10 : Demeure de Jean Lacave-Laplagne, ministre des finances de Louis-Philippe 1er de 1837 à 1839.
Demeure de Roger Martin du Gard, auteur de la suite romanesque "Les Thibault", prix Nobel de littérature, à partir de 1946.

Roger MARTIN DU GARD ►

Le mathématicien Gaspard Monge demeura rue du Dragon en 1784.

Nous revenons sur nos pas jusqu’à la
Rue du Four

51 : Demeure de Symphorien François Floriot, membre de la Société des Droits de l’Homme en 1834.

48 : Appartement de René Corbin, chez qui se tint la première réunion du Conseil National de la Résistance, le CNR, sous la présidence de Jean Moulin, le 27 mai 1943. Y participaient Roger Ginsburger alias Pierre Villon, représentant le Front national de la Résistance, Roger Coquoin alias Lenormand, Ceux de la Libération Nord, Jacques Lecompte-Boinet alias Lefort, Ceux de la Résistance, Charles Laurent, Libération-Nord, Jacques-Henri Simon alias Sermois, Organisation civile et militaire Nord, Claudius Petit, Franc-Tireur, Claude Bourdet alias Lorrain, Combat Sud, Pascal Copeau alias Salard, Libération-Sud, Georges Bidault, alias Bip, Parti démocrate populaire, Jacques Debû-Bridel alias Argonne, Fédération républicaine, Joseph Laniel, Alliance démocratique, André Le Troquer, SFIO, Marcel Rucart, Parti radical-socialiste, André Mercier, PCF, Louis Saillant, la CGT, Gaston Tessier, la CFTC.

Jean MOULIN ►

40 : Siège du journal "L’Ami du Peuple", de François-Vincent Raspail, de février à mai 1848.

François-Vincent RASPAIL ►

43 : Emplacement du four banal de l’abbaye de St Germain des Prés, qui donna son nom à la rue. Les habitants du bourg avaient l’obligation d’y faire cuire leur pain contre redevance depuis 1470.

33 : Puits du 16ème siècle dans un coin de la cour.

24 : Enseigne "Au Mouton" sculptée au fronton de l’immeuble.

Cosimo Ruggieri, l’astrologue, "parfumeur", sorcier et confident de Catherine de Médicis, demeurait rue du Four en 1571, avant de s’installer à l’Hôtel de la Reine, sur l’emplacement de l’actuelle bourse du commerce, qui a conservé la fameuse tour astrologique qui, pense-t-on, lui permettait d’élaborer ses prédictions.

Cosimo RUGGIERI ►

Jacques Lasnier, homme d’affaires, officier municipal de la Commune de 1792, habitait au 286 rue du Four, difficile à situer aujourd’hui. Il était membre de la Section Mutius Scaevola. Il fut guillotiné comme robespierriste le 11 Thermidor an II, 29 juillet 1794.

Le 9 mars, 1883, une manifestation de chômeurs, rue du Four et boulevard St Germain, donne lieu au pillage de boulangeries. Louise Michel en sera considérée comme responsable. Arrêtée le 30 mars, elle sera condamnée à 6 ans de réclusion pour pillage le 23 juin. Cette manifestation aurait été l’occasion de la première apparition du drapeau noir, symbole de l’anarchisme.

Louise MICHEL ►
Pillage de boulangeries par une manifestation de chêmeurs

Boulevard St Germain à gauche

164 : Emplacement d’une nécropole mérovingienne, au croisement des rues Gozlin et de Buci, découverte en 1866. Le boulevard St Germain n’existait pas alors.

166 : Café "La Rhumerie martiniquaise", fréquenté dans les années 30 par de nombreux auteurs et artistes, Léon-Paul Fargue, Michel Leiris, Georges Bataille, Man Ray, Roger Vailland, Georges Malkine… C’était le port d’attache de l’écrivain, peintre et comédien Antonin Artaud.

Antonin ARTAUD ►

168 bis : Il faut imaginer ce quartier sans le boulevard St Germain. Passait ici la rue Childebert, où se trouvait un foyer pour célibataires du même nom, qui abrita un groupe de jeunes auteurs. Le cénacle de la Childebert, animé entre autres par Alexandre Privat d’Anglemont, fut le quartier-général des Novateurs, puis des Romantiques.

face aux 135-137 : Prison de l’Abbaye de St Germain des Prés.
Elle se trouverait aujourd’hui au beau milieu du boulevard St Germain qui avait été projeté par Haussmann mais dont le percement ne fut achevé qu’en 1877.
Alors prison militaire, elle fut assaillie le 30 juin 1789 par la population qui venait délivrer 11 gardes-françaises ayant refusé de charger leurs armes contre le peuple. Ils avaient été pour le coup emprisonnés par leur lieutenant-colonel, Louis Marie Florent du Châtelet, pour insubordination.

Prison militaire de l’Abbaye en 1852 ►
Délivrance par le peuple des gardes-françaises le 30 juin 1789

Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais y est enfermé le 23 août 1792, arrêté suite à l’accusation par Pierre-Louis Manuel de malversations dans l’affaire des fusils de Hollande. Au final, Beaumarchais ayant critiqué Manuel à de nombreuses reprises, ce dernier le fait libérer afin qu’on ne puisse pas l’accuser de profiter de sa situation de procureur de la Commune pour se venger. L’auteur de Figaro sort de prison le 2 septembre ; il était temps… Pour le coup il s’exile en Angleterre.

Pierre-Augustin CARON de BEAUMARCHAIS ►

Pierre Louis MANUEL par Alix Ducreux

Ce même 2 septembre débutent, comme nous l’avons vu, des massacres qui vont peser sur le cours ultérieur de la Révolution. Une parodie de tribunal est improvisée par Stanislas Maillard dans le greffe de la prison.
C’est là que se situerait l’épisode de la fille de Stanislas de Sombreuil buvant un verre de "sang bleu" pour sauver de l’exécution son père, accusé d’avoir participé à la défense des Tuileries et au complot contre Collot d’Herbois. Épisode dont se sont emparés plusieurs auteurs, dont Victor Hugo.

Les massacres de septembre à l’abbaye ►

Stanislas MAILLARD ►
Elisabeth de Cazotte sauve son père

Jeanne Marie Roland de la Platière, Mme Roland, dite Manon, née Phlipon, Charlotte Corday le 14 juillet 1793, Jacques Pierre Brissot… y furent incarcérés pendant la Terreur avant leur exécution.
Marie Gouze, dite Olympe de Gouges, qui avait déclaré "La femme a le droit de monter à l’échafaud ; elle devrait aussi avoir le droit de monter à la tribune", y est enfermée de longs mois, le 6 août 1793, avant d’être guillotinée.
François-Noël Babeuf, dit Gracchus Babeuf, y est enfermé le 30 janvier 1794, avant son transfert à Vendôme pour un procès en catimini qui verra la condamnation à mort de ce précurseur du Communisme.
Jean-Baptiste Drouet, emprisonné à l’Abbaye après la tentative de coup d’état par la Conjuration des Égaux au camp de Grenelle, s’évade le 17 août 1796 "grâce" à Barras. En fait, ce dernier préfère éviter de faire du héros de Varennes un martyr, à un moment où le pouvoir des thermidoriens vacille.

Jeanne-Marie dite Manon ROLAND de LA PLATIÈRE ►

Charlotte CORDAY ►

Jacques-Pierre BRISSOT ►

Marie GOUZE dite Olympe de GOUGES ►

François-Noël dit Gracchus BABEUF ►

Jean-Baptiste DROUET ►

137 : En 1934, Adrien Borel crée ici l’Institut de psychanalyse avec l’aide de Marie Bonaparte.

143 : Hôtel Madison
Séjour du romancier russe Boris Pasternak, l’auteur du "Docteur Jivago", lors du congrès des écrivains à la Mutualité le 21 juin 1935.
Séjour d’André Malraux, auteur de "La condition humaine" et de "La voie royale". à l’hiver 1937.
Séjour d’Albert Camus, auteur du "Mythe de Sisyphe", de "L’étranger", de "La Peste"... au printemps 1940.

Boris PASTERNAK ►

Albert CAMUS ►

face au 145 : Statue de Denis Diderot, qui habitait rue Taranne, à hauteur du 149 boulevard St Germain où elle fut érigée dans un premier temps en 1886, puis déplacée ici.

Denis DIDEROT, par Thomas Cornell ►
Sa statue

Le 24 mai 1871, pendant la Semaine sanglante, une barricade avait été dressée au carrefour de la rue d’Erfurth, l’actuelle rue des Ciseaux, et de la rue Ste Marguerite, aujourd’hui rue Gozlin. C’est le fils d’un cordonnier, âgé de 19 ans, qui commandait cette barricade tenue par 20 jeunes garçons et une fille. Ils résistèrent un moment aux troupes versaillaises mais, comme dans beaucoup d’autres cas, furent pris à revers. Le boulevard St Germain était alors en voie de percement.

entre les 145 et 147 : Emplacement de la porte Ste Marguerite de l’abbaye de St Germain des Prés.

147 : La "Petite rue Ste Marguerite", devenue par la suite rue d’Erfurth, se trouvait sur l’emplacement du square Félix Desruelles. Elle conduisait au portail latéral et à la cour de l’église St Germain des Prés. Elle fut le théâtre, le 2 septembre 1792, des premiers massacres, sur 24 prisonniers transférés de la mairie par le Comité de surveillance de la Commune ; essentiellement des prêtres. L’un d’eux avait déjà été lynché au carrefour de Buci. Les exécutions continuèrent dans la cour principale de l’abbaye et y prirent toute leur ampleur, avant de s’étendre aux autres prisons parisiennes.

Portail latéral de l’église St Germain des Prés ►
La rue d’Erfurth, ex Petite rue Ste Marguerite y conduisait

Rue Gozlin

1 : Emplacement de la Porte Ste Marguerite, percée en 1637, de l’abbaye de St Germain des Prés, face au débouché de la rue des Ciseaux.
C’est dans cette rue, alors rue Ste Marguerite, que se trouvait la Pension Cordier où le général Hugo plaça ses fils Eugène et Victor en janvier 1815.

Rue de Rennes aller-retour

48 : Début de la rue de Rennes. Le décalage de la numérotation s’explique par le projet haussmannien de prolongement de cette voie jusqu’à la Seine. Il fut heureusement abandonné. Il prévoyait de déboucher sur un pont en "X" qui se serait appuyé sur la pointe de l’île de la Cité ou aurait remplacé le Pont des Arts. Où nos tourtereaux du 21ème siècle auraient ils pu, dès lors, accrocher leurs cadenas d’amour ?...
Certains immeubles déjà acquis pour cette opération sont devenus les HLM dont nous avons déjà parlé rue Jacob à propos du fils Juppé...

Projet de prolongement de la rue de Rennes jusqu’à la Seine ►
par Haussmann

50 : Le beau dragon qui ornait autrefois l’entrée de la cour du même nom a été par bonheur reproduit ici, à l’endroit approximatif où débouchait une des extrémités de cette fameuse enclave industrielle au cœur de Paris.

La cour du Dragon ►

Copie du dragon qui donna son nom à la cour puis à la rue ►
L’original par Atget

54 : Demeure de Charles Pigeon, l’inventeur de la fameuse lampe qui portait son nom et fit le bonheur de nos ancêtres avant l’invention de l’électricité comme moyen d’éclairage. Il mourut ici le 18 mars 1915. Sa tombe au cimetière Montparnasse est l’une des plus belles du patrimoine funéraire parisien.

Charles PIGEON ►
Sa tombe au cimetière Montparnasse, garnie de lampes, bien sûr

Place St Germain des Prés

Plan de St Germain des Prés sous Louis VII ►
Plan dressé par Mathieu Mérian en 1615

Fin du parcours